La Méthode
15 février 2011
Jambes de coureurs et jambes de danseurs : LA DIFFERENCE DEFINITIVE
Si on vous montrait deux paires de jambes, l’une appartenant à un coureur et l’autre à un danseur, seriez-vous capable de dire laquelle est laquelle ? Vous répondrez probablement « sans problème ». Le coureur aurait les jambes maigres et droites avec des quadriceps anguleux, des hanches maigres mais peu de définition dans les fessiers extérieurs, et des postérieurs serrés mais pas spécialement levés. Le danseur aurait les jambes plus galbées, les fessiers définis et relevés, et les muscles plus compacts et d’apparence plus ferme.
Aussi simples que ces différences puissent nous sembler, elles ne sont pas vraiment validées scientifiquement. Les experts en fitness ont écrit que les deux types de jambes sont de force égale, et une étude suédoise a ajouté son poids à cette spéculation en découvrant que les jambes des danseurs et des coureurs ont la même quantité de fibres musculaires à » contraction lente » (qui améliorent l’endurance).
Ce qui manque dans cette discussion, c’est la question de savoir comment et dans quelle mesure les jambes des danseurs et des coureurs diffèrent les unes des autres. À mon avis, qui est basé sur 20 ans en tant que professeur d’exercice, la course et la danse produisent effectivement des jambes qui ont l’air et se comportent différemment les unes des autres, et je voudrais suggérer quelques raisons pour lesquelles.
Tout d’abord, j’ai observé que les jambes des élèves débutants de la méthode Bar qui sont des coureurs tremblent généralement de manière incontrôlable pendant la section de travail des cuisses, ce qui leur donne du mal à terminer l’exercice. Je pense que la raison de ce phénomène réside dans la mécanique de la course. Chaque pas d’une jambe donne un bref repos à l’autre. En outre, l’avant et l’arrière de chaque jambe bénéficient d’un deuxième petit repos, car chaque côté est sollicité séparément, d’abord les quadriceps, puis les ischio-jambiers. La course à pied est donc très efficace pour conserver l’énergie, en offrant aux muscles des jambes des moments de repos régénérateur intégrés, de sorte qu’ils ne sont jamais complètement épuisés. Mettez les quadriceps ou les ischio-jambiers d’un coureur dans une situation qui exige une tension musculaire soutenue – ou un travail de force – et ils se fatiguent rapidement. Les danseurs, quant à eux, s’entraînent à tenir des positions soutenues telles que des plies, des extensions et des équilibres. Les exercices de la méthode Bar vont encore plus loin et augmentent le temps passé à tenir de telles positions de quelques secondes à quelques minutes. Cette technique de renforcement force toutes les fibres musculaires possibles à se déclencher, épuisant ainsi les muscles de part en part.
Deuxièmement, la course à pied favorise certains muscles des jambes par rapport à d’autres. Lorsque les coureurs utilisent leurs jambes pour se propulser vers l’avant, deux groupes de muscles, les quadriceps et les ischio-jambiers, font l’essentiel du travail. Les fessiers n’interviennent que lorsqu’ils sprintent à fond ou sautent, des mouvements qui exigent une grande amplitude de mouvement au niveau des hanches. Les coureurs sérieux s’entraînent à faire des tours de piste composés de grands sauts pour cette même raison. Ceux qui s’en tiennent à des pas de la taille d’un jogging finissent par ne pas fournir à leurs fessiers un défi suffisant pour modifier leur forme.
Troisièmement, la course à pied tend les muscles autour de leurs hanches. Cette perte de mobilité limite la capacité des coureurs à recruter les muscles qui relient leurs jambes à leur torse, ce qui entraîne l’atrophie de ces muscles et fait paraître leurs jambes moins toniques. Un muscle qui peut être particulièrement tendu chez les coureurs est le tenseur du fasciae latae. Toute démarche plus rapide que la marche, si elle est pratiquée fréquemment, peut entraîner un resserrement du « tensor fasciae latae » et restreindre la fonction d’autres muscles tels que les fessiers externes (un tensor fasciae latae tendu peut également provoquer une affection douloureuse appelée syndrome de la bande IT). Les danseurs, en revanche, développent tous les muscles à leur disposition en étendant leurs jambes vers l’extérieur et vers le haut dans toutes les directions.
Quatrièmement, chaque pas que font les coureurs a un impact sur leurs articulations et leurs muscles avec une force de 1 ½ à 5 fois leur poids corporel. Ces pas s’additionnent (les coureurs font environ 35 000 pas sur une course de 10 miles.) et finissent par secouer les muscles et la peau un peu détachés de leur corps. La danse implique rarement un martèlement répétitif, et la méthode Bar n’utilise aucun impact du tout. Ainsi, au fur et à mesure que les muscles des jambes des élèves de la méthode Bar développent leur force, ils s’enroulent étroitement autour de leurs os sous-jacents.
Enfin, la course intense sans carburant suffisant oblige parfois le corps des coureurs à brûler ses propres muscles. Cette perte de masse musculaire peut faire perdre du tonus aux jambes des coureurs et les faire paraître flasques. Les danseurs et les élèves de la méthode Bar partagent l’objectif de construire des muscles denses, bien que pour des raisons légèrement différentes – les danseurs pour acquérir la puissance de sauter, les élèves de la méthode Bar pour développer des jambes fermes et sculptées.
Ne vous méprenez pas. La course à pied crée de belles jambes. La danse et la méthode Bar peuvent cependant les faire entrer dans le domaine de la beauté, au-delà de ce que la course à pied en elle-même peut réaliser. Jenni Finley (ci-dessus), actuellement professeur de la méthode Bar en Californie du Sud, a sensiblement affiné ses jambes au cours de sa première année de pratique de la méthode Bar. La forme de ses jambes – des cuisses fines et lisses, des ischio-jambiers définis et une assise haute et ronde – donne à Jenni une apparence qui ressemble moins à celle d’un coureur et nettement plus à celle d’un danseur.