Structure de l’emploi

STRUCTURE DE L’EMPLOI Compte tenu de la rareté des données statistiques fiables, la structure de l’emploi en Inde ne peut être décrite que pour une période allant de 1881 à nos jours, à partir de données basées sur le recensement décennal de la population jusqu’en 1960, et sur l’enquête nationale par sondage (NSS) par la suite. Bien que la méthodologie utilisée dans ces sources soit différente, les tendances de l’emploi et sa structure sont largement comparables.

Le XIXe siècle

Pour l’Inde, la majeure partie du XIXe siècle, au moins jusqu’aux années 1870, a été une période de déclin économique. Les caractéristiques d’exploitation de la domination coloniale britannique, y compris l’introduction de revenus fonciers et de tarifs douaniers onéreux, d’abord par la British East India Company Raj, puis directement par la Couronne, étaient principalement à blâmer. Des aspects plus positifs sont apparus dans le premier quart du siècle, avec l’amélioration de l’ordre public et le développement des infrastructures économiques et des communications modernes. Entre 1860 et 1900, la collecte des revenus fonciers n’a augmenté que de 25 %, tandis que la valeur de la production agricole (en grande partie due à une hausse des prix) a augmenté d’environ 116 %. Les estimations du revenu national pour la période postérieure à 1870 suggèrent que la production a suivi le rythme de la population, qui a augmenté d’environ 1 % par an. Sur la base du recensement de la population, la part de la main-d’œuvre du secteur primaire (agricole) de l’Inde est passée d’environ 60-65 pour cent à 70 pour cent en 1881 ; celle du secteur secondaire (industriel) a diminué d’environ 15-20 pour cent à 11 pour cent, et celle du secteur des services est restée pratiquement inchangée. L’augmentation de la taille relative et absolue du secteur primaire reflète non seulement un mouvement d’abandon de l’artisanat en déclin au sein du secteur manufacturier, mais aussi une augmentation de la superficie cultivée, ce qui peut avoir augmenté la production agricole, mais pas nécessairement la production par acre. On estime que la production industrielle a diminué.

La période de 1881 à 1950

Entre 1881 et 1911, la part de la population active dans l’agriculture, y compris les activités connexes telles que la sylviculture, a légèrement augmenté, passant de 72,4 à 74,5 pour cent, et celle de la population active dans le secteur manufacturier a diminué de 10,6 à 9,1 pour cent. La situation de l’emploi n’a pas changé de manière perceptible au cours des quarante années suivantes. La part de l’emploi dans le secteur agricole est restée presque constante à 75 pour cent, passant de 74,8 pour cent en 1911 à 75,7 pour cent en 1951. En revanche, la part de l’emploi dans le secteur manufacturier et dans le secteur des services a légèrement diminué au cours de la même période. Dans le premier cas, la baisse a été de 12,2 pour cent à 11,9 pour cent, tandis que dans le second cas, elle a été de 13 pour cent à 12,4 pour cent. La stagnation de l’emploi dans le secteur manufacturier et la baisse de l’emploi dans les deux autres secteurs ont eu lieu malgré la hausse du produit intérieur net. Il convient de noter que les données de 1951 se rapportent à l’Inde non divisée (qui comprenait le Pakistan et le Bangladesh). Cependant, la comparaison est appropriée, car les chiffres de 1911 concernent également l’Inde britannique non divisée.

Les statistiques relatives à l’emploi pour le pays dans son ensemble ne reflètent pas le tableau régional de l’emploi. Alors qu’une grande partie de l’Inde centrale présentait le même schéma d’emploi que l’Inde dans son ensemble, deux groupes d’États présentaient des schémas différents. Dans le premier groupe, composé du Kerala, du Maharashtra, de Madras et du Bengale occidental, on a constaté un déplacement marqué de la main-d’œuvre de l’agriculture vers l’industrie manufacturière. Dans le second groupe, composé du Rajasthan, de l’Orissa et du Punjab, alors que la part de l’agriculture dans la main-d’œuvre a augmenté de façon notable, la part de l’industrie manufacturière a fortement diminué. La différence dans la structure de l’emploi dans ces deux groupes d’États était attribuable à l’accès variable de ces États aux installations de transport telles que les voies navigables intérieures (comme dans le cas du Kerala), les ports maritimes (comme dans le cas du Maharashtra, de Madras et du Bengale occidental) et le réseau ferroviaire.

La seconde moitié du vingtième siècle

Les tendances de l’emploi pour la seconde moitié du vingtième siècle peuvent être décrites plus précisément pour la période de 1961 à 1999-2000, car le recensement de 1961 a adopté le concept de participation au travail productif de manière plus inclusive que le recensement de 1951, en utilisant le revenu plutôt que le travail comme critère pour faire partie de la population active. La part de l’emploi agricole au cours de la période de 1961 à 1999-2000 a diminué de 75,9 pour cent à 60,4 pour cent, tandis que les parts correspondantes dans les secteurs de l’industrie et des services ont augmenté de 11,6 à 17,3 pour cent et de 12,4 à 22,3 pour cent, respectivement. Contrairement à la période de 1881 à 1950, on a assisté à un changement structurel plus décisif de la main-d’œuvre, qui s’est détournée de l’emploi agricole pour se tourner vers l’emploi industriel et les services, qui connaissent une croissance rapide. La croissance de l’emploi total et un changement majeur de sa structure ont été induits par l’accélération du produit national global et par habitant. Ainsi, le produit intérieur brut au coût des facteurs a augmenté d’environ 3,4 % entre 1951 et 1980-1981, de 5,75 % dans les années 1980, puis de 6 % dans les années 1990.

J. Krishnamurty

Voir aussiTravail et salaires agricoles depuis 1950 ; Tendances démographiques depuis 1757

BIBLIOGRAPHIE

Krishnamurty, J. « The Growth of Agricultural Labour in India. » Revue indienne d’histoire économique et sociale 9, no. 3 (1972).

–. « Changing Concepts of Work in the Indian Censuses, 1901-1961 ». Revue indienne d’histoire économique et sociale 6, no. 3 (septembre 1977).