René Laennec

René Laennec a écrit le traité classique De l’Auscultation Médiate,

En 1816, il a été consulté par une jeune femme qui travaillait sous des symptômes généraux de cœur malade, et dans le cas duquel la percussion et l’application de la main étaient de peu d’utilité à cause du grand degré de graisse. L’autre méthode mentionnée ci-dessus, l’auscultation directe, étant rendue inadmissible par l’âge et le sexe du patient, je me suis souvenu d’un fait simple et bien connu en acoustique, … la grande distinction avec laquelle nous entendons le grattage d’une épingle à une extrémité d’un morceau de bois en appliquant notre oreille à l’autre. Immédiatement, sur cette suggestion, j’ai roulé une quire de papier en une sorte de cylindre et j’en ai appliqué une extrémité à la région du cœur et l’autre à mon oreille, et je n’ai pas été peu surpris et heureux de constater que je pouvais ainsi percevoir l’action du cœur d’une manière beaucoup plus claire et distincte que je n’avais jamais pu le faire par l’application immédiate de mon oreille.

Laennec avait découvert que le nouveau stéthoscope était supérieur à la méthode habituellement utilisée qui consistait à placer l’oreille sur la poitrine, en particulier si le patient était en surpoids. Un stéthoscope évitait également l’embarras de placer l’oreille contre la poitrine d’une femme.

Le premier dessin d’un stéthoscope, 1819

Un stéthoscope moderne

Laennec aurait vu des écoliers jouer avec de longs bâtons creux dans les jours qui ont précédé son innovation.Les enfants tenaient leur oreille contre une extrémité du bâton tandis que l’extrémité opposée était grattée avec une épingle, le bâton transmettait et amplifiait le grattage. Ses talents de flûtiste peuvent également l’avoir inspiré. Il a construit son premier instrument sous la forme d’un cylindre de bois creux de 25 cm sur 2,5 cm, qu’il a ensuite affiné pour qu’il comporte trois parties détachables. Le design raffiné comportait une cavité en forme d’entonnoir pour augmenter le son, séparable du corps du stéthoscope.

Son travail clinique lui a permis de suivre des patients thoraciques du chevet à la table d’autopsie. Il a donc pu établir une corrélation entre les sons captés par ses nouveaux instruments et des changements pathologiques spécifiques dans la poitrine, devenant ainsi le pionnier d’un nouvel outil de diagnostic non invasif. La phthisie pulmonaire, par exemple, est l’une des maladies qu’il a pu identifier plus clairement grâce à sa connaissance des bruits thoraciques typiques et atypiques. Laënnec a été le premier à classer et à discuter les termes râles, rhonchi, crépitation et égophonie – des termes que les médecins utilisent désormais quotidiennement lors des examens physiques et des diagnostics. Laënnec a présenté ses découvertes et ses recherches sur le stéthoscope à l’Académie des sciences de Paris, et en 1819, il a publié son chef-d’œuvre, De l’auscultation médiate ou Traité du Diagnostic des Maladies des Poumon et du Cœur, 8 en deux volumes.

Laennec a inventé l’expression auscultation médiate (écoute indirecte), par opposition à la pratique populaire de l’époque qui consistait à placer directement l’oreille sur la poitrine (auscultation immédiate). Il a nommé son instrument le stéthoscope, à partir des mots grecs στήθος (poitrine), et σκοπός (examen).

Un des stéthoscopes originaux appartenant à René Théophile Laennec fait de bois et de laiton

Le stéthoscope a rapidement gagné en popularité lorsque De l’Auscultation Médiate a été traduit et distribué à travers la France, l’Angleterre, l’Italie et l’Allemagne au début des années 1820. Cependant, tous les médecins n’adoptent pas facilement le nouveau stéthoscope. Bien que le New England Journal of Medicine ait rapporté l’invention du stéthoscope deux ans plus tard, en 1821, un professeur de médecine déclarait encore en 1885 : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il utilise ses oreilles et non un stéthoscope ». Même le fondateur de l’American Heart Association, L. A. Connor (1866-1950), emportait avec lui un mouchoir de soie qu’il plaçait sur la paroi de la poitrine pour l’auscultation de l’oreille.

Laennec faisait souvent référence au stéthoscope comme étant « le cylindre », et alors qu’il approchait de la mort seulement quelques années plus tard, il légua son propre stéthoscope à son neveu, le qualifiant de « plus grand héritage de ma vie ».

Le stéthoscope binaural moderne avec deux oreillettes a été inventé en 1851 par Arthur Leared d’Irlande. George Cammann a perfectionné le design de l’instrument pour une production commerciale en 1852, qui est devenu la norme depuis lors.