Résultats du lymphome folliculaire de grade 3A : Mieux traité comme un lymphome agressif ou indolent ?

Introduction

Le lymphome folliculaire (FL) est la forme la plus courante de lymphome non hodgkinien indolent aux États-Unis. Bien qu’il s’agisse d’une seule et même maladie, l’histologie, le pronostic et la réponse au traitement du FL sont assez hétérogènes. De grandes études prospectives récentes, dont l’étude BRIGHT (Flinn et al.) et une autre de Rummell et al., ont établi que la bendamustine et le rituximab (BR) constituent le traitement de première ligne optimal pour les patients atteints de lymphome non hodgkinien de grade 1-2. Cependant, la meilleure prise en charge du FL de grade 3A reste controversée, car les patients présentant ce diagnostic étaient exclus de ces deux importantes études. De nombreux cliniciens ont extrapolé les données de ces grands essais prospectifs et administrent une chimiothérapie de première ligne par BR pour le Grade 3A, tandis que d’autres l’abordent comme un lymphome agressif et le traitent avec des schémas à base d’anthracycline. Dans cette étude, nous évaluons les résultats cliniques des pts atteints de FL de Grade 3A au diagnostic par un traitement de première ligne.

Méthodes

Nous avons réalisé une analyse rétrospective, dans un seul centre, de tous les patients adultes (pts) ayant reçu un nouveau diagnostic de FL de Grade 3A depuis 2004. Les patients présentant un lymphome de grade 1-2, de grade 3B et/ou un lymphome transformé simultané ont été exclus de l’analyse. Des statistiques descriptives ont été utilisées pour mesurer les caractéristiques de base. L’analyse comparative a été effectuée à l’aide du test exact de Fischer pour les variables catégorielles et de l’ANOVA pour les variables continues. Notre critère d’évaluation principal était le temps jusqu’à la progression (TTP) après le traitement de première ligne, qui a été estimé à partir de la date du premier traitement (Tx) jusqu’à la date de la progression ou du dernier suivi. Les résultats secondaires comprenaient la survie globale (OS) et les taux de transformation en lymphome agressif. Les traitements de première ligne ont été classés en quatre groupes : anthracycline, bendamustine, rituximab seul et autres régimes. Le stade au diagnostic a été stratifié en 1-2 versus 3-4 et le FLIPI en 0-2 versus 3-5.

Résultats

Un total de 80 pts avec un FL de Grade 3A a été identifié en utilisant les bases de données cliniques et pathologiques. Les informations de suivi étaient insuffisantes pour 22 pts et donc seuls 58 ont été analysés pour les résultats cliniques, y compris le TTP, la SG et la transformation en grandes cellules. Parmi les quatre groupes, il n’y avait pas de différence dans l’âge moyen, le sexe, le stade au moment du diagnostic, la présence de symptômes « B », la maladie volumineuse ou l’atteinte de la MO (tableau 1). Nous avons calculé rétrospectivement l’indice FLIPI pour tous les patients dont les données étaient exploitables (N=41) et il n’y avait pas de différence entre les deux groupes (p=0,41). 57% des pts ont reçu une chimiothérapie à base d’anthracycline alors que seule une minorité a reçu une chimiothérapie à base de bendamustine (17%). Il est intéressant de noter que 21% (7/33) des pts traités par chimiothérapie à base d’anthracycline ont reçu du rituximab d’entretien, alors que 60% (6/10) des pts qui ont été traités par bendamustine en première intention ont reçu du rituximab d’entretien (p=0,07). Ceci est cohérent avec la variation de la pratique au fil du temps, la bendamustine étant un agent plus contemporain. 12% (N=7) des pts avec un FL de Grade 3A ont développé dans leur évolution une transformation à grandes cellules. La courbe de Kaplan-Meier (KM) de la figure 1 montre le TTP et la SG pour les quatre groupes de traitement. On observe une tendance à la signification statistique en faveur du traitement par anthracycline (test du log rank, p=0,07), mais ces résultats sont limités par la différence de suivi médian entre les quatre groupes. En ce qui concerne la SG, il n’y avait pas de différence statistiquement significative entre les régimes (test du log rank, p=0,58).

Conclusions

La gestion optimale du FL de grade 3A reste peu claire. La question de savoir s’il faut le gérer comme une maladie agressive avec des régimes de type anthracycline ou comme un lymphome indolent avec la bendamustine reste sans réponse. Histologiquement, le FL de grade 3A présente un nombre accru de centrocytes et des taux de prolifération généralement plus élevés, ce qui le rend théoriquement plus chimiosensible et peut-être plus sensible à des régimes d’intensité plus élevée. Notre étude démontre un signal en faveur de l’anthracycline par rapport aux autres modalités de traitement pour prolonger le TTP, mais elle est limitée par le faible nombre de patients ayant reçu un traitement à base de bendamustine, cette dernière n’étant devenue que récemment un traitement de première ligne privilégié. La durée de vie n’était pas différente, comme prévu, en raison des nombreux traitements de deuxième ligne disponibles pour les patients en rechute. De futures études sont indiquées pour déterminer la meilleure option de première ligne pour le FL de grade 3A.

Figure 1

Temps jusqu’à la progression (TTP) et survie globale (OS)

Figure 1

Temps de progression (TTP) et survie globale (OS)

Figure 2

Figure 2

Tableau 1

Caractéristiques de base des patients par catégorie de traitement

Tableau 1

Caractéristiques de base des patients par catégorie de traitement

Disclosions

Fenske :Celgene : Honoraires ; Millennium/Takeda : Financement de la recherche ; Pharmacyclics : Honoraires ; Seatle Genetics : Honoraires. Hamadani:Janssen : Conseil ; Celgene : honoraires, financement de la recherche ; Takeda Pharmaceuticals : Financement de la recherche. Shah:Oncosec : Participation au capital ; Exelixis : Participation au capital ; Geron : Participation au capital.