La plupart du temps, l’évolution semble faire un assez bon travail en produisant des animaux avec des adaptations qui les aident à survivre et à prospérer. Mais parfois, elle ne semble pas tout à fait logique.
Une idée fausse sur la sélection naturelle est que, au fil du temps, l’évolution « sélectionne » les caractéristiques d’un organisme qui sont les plus parfaitement adaptées à son environnement. Ce malentendu est peut-être dû en partie au terme même de « sélection naturelle », qui évoque des parallèles avec, par exemple, un éleveur de chiens qui « sélectionne » les traits souhaitables de ses animaux. En fait, la nature ne « sélectionne » rien du tout – la sélection naturelle est un processus, pas une force consciente.
Il existe de bonnes raisons pour lesquelles le processus de sélection naturelle n’aboutit pas toujours à une solution « parfaite ». Tout d’abord, la sélection ne peut agir que sur la variation génétique disponible. Un guépard, par exemple, ne peut pas évoluer pour courir plus vite s’il n’y a pas de variante génétique « plus rapide » disponible.
Deuxièmement, le corps doit travailler avec les matériaux dont il dispose déjà. Il ne peut pas fabriquer quelque chose à partir de rien – c’est pourquoi les chevaux ailés font partie du mythe.
L’évolution doit également travailler avec les modèles de développement établis chez les ancêtres lointains, et les résultats semblent parfois très étranges. Par exemple, on pourrait penser qu’il est plus logique que le nerf qui va du larynx au cerveau chez la girafe emprunte le chemin le plus direct – une longueur d’environ 10 centimètres. Mais comme le plan corporel de la girafe a été établi chez un ancêtre qui n’avait pas de cou, le nerf descend tout le long du cou, contourne le cœur et revient – une distance de quatre mètres !
Et puis, bien sûr, il y a ces moments qui nous laissent vraiment nous gratter la tête. Par exemple, pourquoi les oiseaux qui ne volent pas ont-ils des ailes, ou les serpents des yeux ? Et pourquoi les hommes ont-ils des mamelons ? L’évolution, c’est l’adaptation progressive des créatures à leur environnement, non ? Et la « survie du plus apte » ne signifie-t-elle pas une évolution vers des créatures de mieux en mieux adaptées ? L’évolution n’aurait-elle pas pu trouver une meilleure solution ? Et pourquoi ces bizarreries ne disparaissent-elles pas tout simplement ?
D’abord, il est important de reconnaître que toutes les caractéristiques d’un organisme ne sont pas dues à l’adaptation. Par exemple, certaines variantes de gènes non adaptatives, ou même nuisibles, peuvent se trouver sur le même brin d’ADN qu’une variante bénéfique. En s’installant sur le même brin d’ADN que la variante utile, un gène non adaptatif peut rapidement se propager dans une population. En d’autres termes, ce n’est pas parce qu’un certain trait est présent qu’il est nécessairement utile.
En outre, certaines caractéristiques peuvent simplement être le fruit du hasard, se propageant dans une population via ce que l’on appelle la « dérive génétique ». Comme nous l’avons vu, l’ADN de tous les organismes peut être sujet à des erreurs de copie. Certaines de ces mutations seront nuisibles, et seront probablement éliminées par la sélection naturelle. D’autres, en revanche, seront « neutres » : ni nuisibles ni bénéfiques. La plupart d’entre elles disparaîtront, mais certaines se répandront dans une population. Bien que la chance que les mutations neutres se propagent soit très faible, la dérive génétique est néanmoins une force importante, en particulier dans les petites populations, en raison du nombre énorme de mutations génétiques dans chaque génération.
La dérive génétique peut également entraîner la fixation d’un gène dans une population. Cela se produit lorsque toutes les autres variations possibles d’un gène (allèles) sont perdues à jamais, de sorte qu’un seul allèle reste disponible pour être transmis aux générations futures. Pour ce caractère particulier, l’unique allèle survivant devient alors la seule variante possible de ce gène.