Ce billet sur le danger et le risque fait partie d’une collaboration entre la neuroscientifique Alison Bernstein et la biologiste Iida Ruishalme. Les erreurs de perception du risque sont au cœur de tant de problèmes de communication scientifique que nous pensons que c’est un sujet essentiel à explorer en détail. Cette série est publiée de manière croisée sur SciMoms et Thoughtscapism.
La différence entre le danger et le risque est une distinction critique
Le danger et le risque décrivent deux concepts différents mais liés. La différence peut sembler être une distinction sans importance remplie de jargon, mais cette différence est essentielle pour comprendre les rapports des dangers et des risques.
- Un danger est un agent qui a le potentiel de causer des dommages.
- Le risque mesure la probabilité de dommages causés par un danger.
Les dangers ne deviennent des risques que lorsqu’il y a exposition. Les requins sont un danger. Mais si je ne vais jamais près de l’océan, je ne suis pas exposé aux requins et je ne cours aucun risque d’attaque de requin. (Il est vrai que même si vous allez dans l’océan, le risque d’attaque de requin est en fait très faible). Malgré cette différence, nous avons tendance à considérer tous les dangers comme des risques, quel que soit notre niveau d’exposition.
La vidéo de Risk Bites (également intégrée au bas de cet article) explique très bien cette distinction.
Les classifications des dangers ne sont pas des évaluations des risques
Un domaine où cette confusion entre danger et risque est très visible est la classification des cancérogènes. L’identification des dangers est la première étape de l’évaluation des risques, mais ne constitue pas en soi une évaluation des risques. Cependant, nous voyons régulièrement des rapports d’identification des dangers présentés comme des preuves de risques réels.
Ces problèmes sont particulièrement importants en ce qui concerne les rapports du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Le CIRC a été critiqué par les scientifiques pour son manque de clarté dans la communication des dangers par rapport aux risques. Dans un article de 2016 (Classification schemes for carcinogenicity based on hazard-identification have become outmoded and serve neither science nor society), les toxicologues critiquent explicitement ces classifications et appellent à des approches plus modernes basées à la fois sur la caractérisation des dangers et des risques à la place.
Si nous examinons les classifications du CIRC en détail, il devient évident pourquoi se fier uniquement aux informations sur les dangers est problématique. Comme l’a écrit Ed Yong en 2015 dans The Atlantic dans « Beefing With the World Health Organization’s Cancer Warnings »,
Ces classifications sont basées sur la force des preuves et non sur le degré de risque.
Deux facteurs de risque pourraient être classés dans la même catégorie si l’un triplait le risque de cancer et l’autre l’augmentait d’une petite fraction. Ils pourraient également être classés de manière similaire même si l’un provoque beaucoup plus de types de cancers que l’autre, s’il affecte une plus grande partie de la population et s’il provoque réellement plus de cancers.
Donc, ces classifications ne sont pas destinées à transmettre le degré de dangerosité d’une chose, mais seulement la certitude que nous avons qu’elle est dangereuse.
Mais elles sont présentées avec un langage qui obscurcit complètement cette distinction.
C’est une distinction critique. La force de la preuve reflète le degré de certitude que nous avons quant à la possibilité de causer des dommages (dans ce cas, de causer le cancer). Le degré de risque reflète à quel point un composé augmente le risque, le nombre de personnes chez qui il augmente le risque, ou le nombre de cas de cancers causés par ce composé. Il est également important de noter que le risque est une probabilité de dommage et ne reflète pas la gravité du dommage ; il représente simplement le changement de ce dommage. Les catégories du CIRC sont une mesure déroutante de la qualité des données, et non une mesure du risque de l’exposition à ce produit chimique.
Ce graphique de Compound Chemistry et le post qui l’accompagne montrent quelles expositions entrent dans ces catégories.
Fumer et manger de la viande
Voici un exemple qui met en évidence la nature confuse de ces classifications : fumer et manger de la viande sont dans la même catégorie (groupe 1). Cependant, comme indiqué sur Compound Chemistr
Selon Cancer Research UK, le tabagisme est à l’origine de 19 % de tous les cancers ; en revanche, on pense que seulement 3 % de tous les cancers sont causés par la viande transformée et la viande rouge combinées. Pour mettre cela en perspective, on estime que 34 000 décès par cancer dans le monde chaque année sont causés par des régimes riches en viande transformée, contre 1 million de décès par an dus au tabagisme.
Bien que nous ayons des preuves solides que les deux peuvent causer le cancer, ceux-ci posent clairement des quantités différentes de risque. Encore confus ? Ce n’est pas surprenant. Comme l’écrit Ed Yong dans l’article mentionné ci-dessus, ces classifications sont « confusogènes » pour les humains.
Lorsque nous, parents et consommateurs, voyons ces classifications, comprendre la différence entre le danger et le risque peut nous aider à garder les risques et les dangers en perspective.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les différents aspects de la perception des risques, veuillez consulter les autres parties de la série, à laquelle appartient cet article :
Le risque en perspective
- La différence entre danger et risque est une distinction essentielle.
- Tous les dangers ne sont pas égaux.
- Le risque zéro et l’exposition zéro sont des attentes impossibles.
- Le risque pour la population n’est pas le même que le risque individuel.
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