Au fil des siècles, de nombreux mystiques naturels du monde ont succombé à des pogroms d’élimination ou à l’érosion constante des pratiques traditionnelles – sorcières brûlées sur le bûcher, peuples indigènes contraints de fréquenter les écoles occidentales, guérisseurs accusés de perpétuer des maladies. Plus récemment, un sentiment croissant des lacunes de la modernité a conduit à une renaissance des pratiques traditionnelles ou « païennes ». L’un des systèmes de croyance résurgents les plus populaires est connu sous le nom de chamanisme. Il est intéressant de noter que le chamanisme est aussi le plus ancien moyen pour l’humanité de se connecter à la « Création » et l’un des plus répandus dans le monde. Heureusement pour les chercheurs, il n’est pas nécessaire de porter une coiffe ou de prendre du peyotl pour vivre une vie chamanique.

Qu’est-ce que le chamanisme ?

Aujourd’hui, beaucoup de gens associent étroitement le chamanisme aux peuples amérindiens ; cependant, les anthropologues ont étudié des preuves de pratiques chamaniques sur les six continents habitables, dont certaines remontent à l’ère paléolithique. En termes simples, le chamanisme est un moyen par lequel les humains ont essayé de comprendre l’univers et la place qu’ils y occupent. Il n’oblige pas à adhérer à une divinité ou à un dogme particulier. Le chaman s’intéresse plutôt à la nature et utilise ses connaissances pour guérir (physiquement, mentalement ou spirituellement) et pour promouvoir la prospérité de la communauté. Ce que cela signifie en pratique va de la connaissance des herbes au contact avec les forces surnaturelles, de la logique froide à la prophétie.

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Un chaman ou un homme de médecine indien d’Amérique du Nord guérissant un patient. (Wellcome Images/ CC BY 4.0 )

Le mot chaman dérive du mot tunguso-manchurien saman. Les Toungouses étaient des éleveurs de rennes dans la région du lac Baïkal, dans le sud de la Russie. Le mot vient du verbe sa, qui signifie « savoir » (Rutherford, 1996, 2). Le mot chaman est entré dans l’usage populaire grâce à l’anthropologue russe Sergei Mikhailovich Shirokogorov, un des premiers explorateurs de la Sibérie orientale et du nord-est de la Chine. Dans son ouvrage Psychomental Complex of the Tungus (1935), Shirokogorov écrit :

« Dans toutes les langues toungouses, ce terme (saman) désigne les personnes des deux sexes qui ont maîtrisé les esprits, qui, à leur gré, peuvent introduire ces esprits en eux-mêmes et utiliser leur pouvoir sur les esprits dans leur propre intérêt, notamment en aidant d’autres personnes qui souffrent des esprits. » (Shirokogorov cité dans Rutherford, 1996, 2).

Chaman toungouse. Dessin du 17ème siècle. ( Public Domain )

Le terme chaman s’est imposé et a été appliqué à un large éventail de figures traditionnelles, notamment : les sorcières, les hommes et femmes de médecine, les spirites et les diseurs de bonne aventure. Aujourd’hui, « le terme chaman a été largement &laissé de côté, à un vaste éventail de praticiens « religieux ». Malheureusement, il y a peu de consensus parmi les chercheurs, les universitaires ou les profanes sur ce qu’est exactement un chaman &ou ce qu’il fait, et certaines définitions sont quelque peu biaisées culturellement  » (Smith, 2013). Néanmoins, certains traits brillent à travers la confusion, plus particulièrement la connexion avec la nature et le désir d’amélioration personnelle et communautaire.

Cérémonies associées au chamanisme

Ces qualités ont conduit à un regain d’intérêt pour les pratiques de guérison traditionnelles. La partie la plus importante du chamanisme est le sentiment de connexion, à la fois avec les autres membres de la communauté et avec l’univers en général. Souvent, cette connexion est établie par des cérémonies ritualisées qui comprennent des chants, des tambours, des danses rythmiques, une surcharge sensorielle et, parfois, la consommation de substances qui altèrent l’esprit. Ensemble, ces éléments calment l’esprit bavard et permettent une relaxation mentale, un rajeunissement et éventuellement une révélation.

Un homme de haut rang modelé en position de lotus. Sa coiffe à grandes cornes et le collier en forme de serpent sont typiques d’un chaman de la culture Bahia (500 av. J.-C.-500 apr. J.-C.) de l’Équateur. Artefact à la Casa del Alabado : Museo de Arte Precolombino, Quito, Équateur. (Crédit : Alicia McDermott)

Une cérémonie peut aussi être inventée. Par exemple, « vous pouvez inventer une cérémonie « Je veux un travail que je puisse vraiment apprécier ». Vous pourriez méditer pendant cinq minutes, écrire une liste de souhaits de toutes les choses que vous voulez d’un nouveau travail sur un morceau de papier et ensuite le brûler, envoyant symboliquement votre message au monde des esprits. Cette cérémonie ne vous garantira pas un nouvel emploi lundi prochain, mais elle signalera au monde des esprits et à vous-même que vous êtes prêt pour quelque chose de nouveau » (Almond, 2000). L’idée que la fumée transporte un message ou une intention vers les cieux est retenue par de nombreuses religions – pensez à l’encens brûlé lors des cérémonies chrétiennes catholiques et orthodoxes.

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Le grand maître Anatole effectue une cérémonie chamanique devant l’autel du renard. (Alex Anatole/ CC BY SA 4.0 )

D’autre part, certaines cérémonies ont des éléments très spécifiques qui sont répétés depuis des siècles. Comme les cérémonies sont exécutées encore et encore, « elles apportent avec elles la puissance et l’intention des occasions précédentes. Lorsqu’elle est répétée, la cérémonie elle-même commence à avoir du pouvoir » (Almond, 2000). Cela est particulièrement vrai pour les cérémonies chamaniques qui découlent des visions reçues par les anciens chamans. Ces visions « contenaient souvent des détails précis sur la façon de réaliser chaque aspect de la cérémonie, comme si Dieu disait qu’une cérémonie réalisée exactement comme décrite serait intrinsèquement porteuse de beaucoup de pouvoir et de la capacité d’apporter des bénédictions à la planète et à ses habitants » (Almond, 2000).

Le chaman Tuvan Ai-Churek pendant une cérémonie du feu Tengi à Tuva, en Russie. ( Dr Andreas Hugentobler/ CC BY 2.0 de )

En fin de compte, on dit que les effets d’une cérémonie chamanique sont proportionnels à votre intention. Les chamans à temps plein du passé fonctionnaient dans une société qui leur permettait de consacrer une bonne partie de leur temps et de leur énergie à leur métier. Cela rendrait un rite bien plus efficace que, disons, une méditation de cinq minutes. Le chamanisme n’est pas synonyme de magie et n’est pas uniquement amérindien. Il s’agit de se connecter à son environnement, de créer une énergie positive et d’atteindre son plein potentiel.

Le chamanisme est un concept très général (parfois même débattu), comprenant des figures de rôles médiateurs de plusieurs cultures différentes, avec une grande diversité. C’est pourquoi cette image est un tableau de figures de chamans de plusieurs cultures. ( Public Domain )

Image du haut : Détail de  » Shaman « , (1930) par Arman Manookian. Source : Domaine public

Par Kerry Sullivan

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