Herve Despois a récemment partagé un lien qui a attiré mon attention sur la page Facebook de la Society for Caribbean Studies. Le titre complet de cet article de 2018 est « La différence entre les dreadlocks et les locs : Parce que vous voulez savoir (s’il vous plaît, arrêtez de dire rastas) ». L’équipe d’Afrocks écrit que, dans un passé pas si lointain, « Porter des dreadlocks, c’était risquer sa vie pour défendre son idéologie panafricaine. » Lisez l’article complet sur le blog d’Afrocks.
« Des dreadlocks ? Il n’y a rien d’épouvantable dans mes cheveux ! » J’ai entendu cette expression et lu quelques posts intéressants sur Tumblr sur l’utilisation du mot « dreadlocks » pour décrire la coiffure matte en forme de corde popularisée par Bob Marley dans les années 70. Parce que je suis née et que j’ai grandi dans les Caraïbes dans les années 90, je pouvais comprendre le point très valable soulevé par ces locticiens et ces activistes afrocentriques sur l’utilisation du langage pour nous élever et non nous dénigrer, mais la fille de la campagne en moi avait quelques réserves et si vous avez le temps, je vous dirai pourquoi vous n’aurez jamais de dreadlocks et si vous en avez, pourquoi c’est, au contraire, un ting merveilleux et puissant.
J’ai fait référence à mon âge et à mes racines caribéennes parce que dans les années 90, le rastafari était encore très présent dans la culture caribéenne au sens large. Dans la Martinique rurale, si vous n’étiez pas rastafari, vous n’aviez pas de locs, point barre. La coiffure était diabolisée et toute personne portant des dreadlocks était suspecte, un voleur potentiel, certainement un drogué dont la mère priait avec ferveur pour sa délivrance. J’utilise des pronoms masculins car pendant longtemps, en Martinique, le rastafari a été une affaire d’hommes. Ils avaient des épouses et des partenaires mais la femme rastafari était rare. Ces hommes avaient des dreadlocks et devaient subir les préjugés de la population au quotidien. On les disait sales, les légendes rurales plaçaient d’innombrables mille-pattes sur leurs têtes et même ma grand-mère, toujours sceptique, était persuadée qu’ils utilisaient les bons vieux cheveux de kanekalon pour obtenir les locs ou bongos qui leur arrivaient à la taille. Dans ce contexte d’ignorance, les dreadlocks étaient synonymes de mode de vie épouvantable… Mais en tant que francophones et créolophones, nous ne pouvions pas faire la différence, n’est-ce pas ? Les locs/dreadlocks signifiaient que vous étiez un rasta et que vous faisiez honte à votre famille car vous ne pouviez pas vous intégrer à la société. Ce qui suit est le point historique que la plupart d’entre nous à l’époque n’ont pas compris.
« You don’t haffi dread to be rasta » VRAI ! Le tout premier homme à se dire rastaman, Leonard Howell, n’avait pas de dreadlocks, il avait une barbe. Le regretté professeur Chevannes, sociologue et autorité sur le rastafari à l’Université des Antilles, nous raconte que pour signifier son départ des paradigmes spirituels et sociaux de la Jamaïque coloniale, il a décidé de porter une barbe comme S.I.M. Haïlé Sélassié sur la couverture du magazine Time de novembre 1930. En adoptant des cheveux emmêlés, appelés dreadlocks, en plus de la barbe déjà existante, ils rompaient visuellement avec l’idée de respectabilité et de convenance de la classe moyenne jamaïcaine, effaçant toute ambiguïté sur leur allégeance spirituelle et idéologique. La coiffure était conçue pour choquer, pour inspirer la crainte, pour représenter les « havenots ».
Les dreadlocks étaient la représentation de leurs pouvoirs spirituels à utiliser contre les autorités coloniales et l’institution qui les opprimaient : Babylone. A cette époque, on ne portait pas des dreadlocks pour être mignon ou avoir les cheveux longs… On portait des dreadlocks parce qu’on était défiant, on croyait que LUI Hailé Sélassié était Dieu, on croyait que tous les afrodescendants devaient être rapatriés dans un pays africain avec des réparations. Tes cheveux encapsulaient ce pouvoir accordé par ce nouveau système de croyances et tu étais une force avec laquelle il fallait compter, tu inspirais la terreur à Babylone. Tu avais des dreadlocks, tu étais dangereux et en danger.
Pour récapituler, si vous n’êtes pas un rastafari, il n’y a rien de redoutable dans vos locs, peu importe la netteté ou le manque de netteté. Vous avez des locs et c’est très bien ainsi. Cela indique que le fait d’avoir des cheveux afro naturels n’est plus radical et c’est un progrès. Cependant, le terme « dreadlocks » doit être considéré comme un mot puissant. Il a été et est toujours un symbole d’émancipation et de « wokeness » avant même que le terme « woke » ne soit à la mode. Pour rendre hommage à toutes ces femmes et à tous ces hommes qui ont perdu la vie ou ont été persécutés par la police simplement parce qu’ils dénonçaient l’injustice et l’oppression coloniales, je pense que nous devrions mettre un peu de respect dans ce terme. Il s’agissait d’un billet succinct que j’ai essayé de concentrer sur les cheveux, ce qui ne rend pas justice à la profondeur du mouvement rastafari. Je vous recommande de parler à un aîné ou/et de consulter la mini bibliographie ci-dessous. N’oubliez pas : les amis ne laissent pas leurs amis dire « rastas » pour désigner la coiffure… restez éveillés !
PS : Si vous voulez trouver le meilleur locticien mobile à Londres, consultez notre plateforme afrocks.com
Nous avons également des articles de blog étonnants sur les meilleurs salons de locs à visiter ici et ici. Profitez-en !
http://www.jamaicaobserver.com/news/Rastas-beaten–forcibly-trimmed-of-their-locks-after-Coral-Gardens_45946
https://www.jstor.org/stable/40653024?seq=1#metadata_info_tab_contents
Lisez l’article complet sur https://afrocks.com/blog/the-difference-between-dreadlocks-and-locs-because-you-want-to-know-please-stop-saying-rastas/
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